Entre 2000 et 2012, l’Amérique latine et les Caraïbes ont réussi à retirer du travail 7,5 millions d’enfants et d’adolescents. Malgré ces avancées significatives, les estimations mondiales de 2013 ont montré une stagnation dans la réduction et un risque sérieux de rebond dans le contexte de crise économique qui montrait la région et qui a été renforcé par situations telles que la persistance de l’inégalité, le haut degré d’informalité de l’économie et le déficit dans la qualité de l’emploi.
Pour remédier à la situation, en 2014 l’Initiative régionale Amérique latine et les Caraïbes libre du travail des enfants a été créée, une plate-forme de coopération intergouvernementale composée de 27 pays, avec la participation active des organisations d’employeurs et de travailleurs, qui cherche à renforcer les expériences d’apprentissage, les bonnes pratiques et à promouvoir la coopération Sud-Sud pour accélérer la réduction du travail des enfants.
L’Initiative régionale a été renforcée en 2015 avec l’adoption des Objectifs du développement durable à l’horizon 2030, qui comprend la cible 8.7 qui fait référence à « ...assurer l’interdiction et élimination des pires formes de travail, y compris le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats et, au plus tard en 2025, mettre un terme au travail des enfants sous toutes ses formes ». Cet engagement global a renforcé le pari et a transformé une préoccupation régionale en une aspiration mondiale.
Pour accélérer la réduction du travail des enfants en Amérique latine et les Caraïbes, l’Initiative régionale propose un modèle d’intervention qui vise à accompagner la première génération libre du travail des enfants d’ici 2025 grâce à une combinaison de trois interventions sur le territoire :
De prevention : adressées aux enfants, garçons et filles, depuis les 5 ans jusqu’aux 17 ans, avec une approche de cycle de vie qui les suive dans leur développement et satisfaction de leurs besoins particuliers à fin de interrompre le travail des enfants.
De rétablissement des droits : axées sur des enfants et des adolescents qui sont déjà dans une situation de travail des enfants, y compris les pires formes, et qui doivent être retirés d’urgence d’activités dangereuses et de formes d’exploitation économique qui constituent un délit.
De durabilité : pour assurer l’institutionnalisation des politiques publiques visant à la prévention et la réduction du travail des enfants et à la protection du travail adolescent autorisé, en promouvant et en renforçant l’articulation entre les programmes et les services publics et privés qui ont une incidence sur le sujet.
Selon le rapport Findings on the Worst Forms of Child Labor 2015, publié par le ministère du Travail des États-Unis, qui classe les pays par le niveau de progrès dans l’élimination des pires formes du travail des enfants, sur les 26 pays d’Amérique latine et des Caraïbes ayant participé à l’évaluation, 8 ont montré des progrès significatifs ; 9 des progrès modérés et 9 très peu de progrès sur des questions comme le renforcement des cadres normatifs nationaux, la lutte contre le travail domestique et l’expansion des programmes et des services sociaux (lutte contre la pauvreté et éducation).
Il est à noter que sur 16 pays du monde qui ont enregistré des progrès significatifs, 8 correspondent à l’Amérique latine et les Caraïbes (l’Argentine, le Brésil, le Chili, le Costa Rica, le Guatemala, le Panama, le Paraguay et le Pérou). Toutefois, il y a encore des défis à dépasser comme le lien des enfants et des adolescents à des activités illicites, l’interdiction et la reconversion des travaux dangereux, et la faiblesse dans l’application de la Loi.